Aujourd’hui, la brume sinuait dans la vallée et sur le Männlichen au réveil des campeurs. Heureusement, un petit-déjeuner fidèle à ses habitudes, c’est-à-dire copieux, n’a pas tardé à fleurir sur les tables, réchauffant nos corps engourdis.

Après un temps de privilèges, indispensables au maintien en ordre du chalet, nous avons bénéficié d’une magnifique promotion sur les messages : deux pour le prix d’un. Sur la convoitise, déjà, et ses racines que sont l’insatisfaction et la recherche de bonheur. Sur les deux plus grands commandements, ensuite, aimer l’Éternel et son prochain. D’un amour volontaire.

À midi, ce sont des hot-dogs qui sont venus remplir nos estomacs avant que les campeurs ne partent avec leurs moniteurs faire leur dernière médit’ par troupes à l’extérieur du camp. L’occasion de dresser un bilan du camp et de déguster un goûter préparé avec soin par notre impériale équipe cuisine.

Pendant l’absence de nos protégés, le chalet a été métamorphosé en aéroport et avion ; les tables de ping-pong sont devenues des détecteurs de métaux et les murs de la salle de réunion se sont vus affhublotés de hublots.

Peu après le retour des troupes sur la propriété, nous avons vu arriver en nombre pilotes, hôtesses de l’air, touristes et marcheurs. Certains diront même avoir aperçu un président ou une diva se faufiler discrètement dans la foule.

La soirée a été un savant enchevêtrement de plusieurs temps. Des publicités presque improvisées où les troupes devaient vanter les mérites d’un ventilateur ou d’un balais à toilettes. Des sketchs concoctés par les troupes et le staff où nous avons vu des voyageurs énervants ou énervés, des hôtesses débordés, des avions crashés, un kangourou et des touristes des quatre coins du globe, de la Chine en passant par l’Allemagne. Les finales des tournois, que ce soit pour le badminton, les gobelets, le chifoumi, le ping-pong ou le baby-foot, l’ambiance était électrique, à sauter au plafond. Et enfin du repas : salade, riz cantonais et glaces, délicieux dernier festin chaud de nos soixante jeunes ici à Isenfluh.

Quand notre avion fut obligé d’amerrir à proximité d’une île déserte, ce sont une demi-douzaine fois dix de campeurs qui se sont réunis autour d’un feu pour profiter d’une nouvelle technique innovante de cuisson des marshmallows permettant de les caraméliser par dizaines avant le les prendre en sandwich entre un petit beurre et un carré de chocolat, bouchée de volupté. Mais surtout, nous avons pu longuement louer notre Seigneur. Par les chants déjà, accompagnés d’une seule guitare. Puis par la prière où ceux qui le voulaient ont pu exprimer leur reconnaissance à Dieu pour le camp et son action dans leur vie.

Au crépuscule de cette dernière nuit subtentale, soixante campeurs sont blottis dans la paille, sur des couvertures ; ils ne se réveilleront pas au son de l’hymne suisse demain parce que le premier août est passé depuis une semaine déjà. Mais peut-être au son des chèvres, qui sait ? Le réveil sera en tout cas plus matinal pour avoir le temps de bien ranger avant de partir après avoir, pour une dernière fois loué le Seigneur.